cher Jules V....
cher Jules,
Cela fait un peu plus de cent ans que tu n'es plus là, mais il est difficile de voir tous nos progrès sans penser à toi. Mais ce n'est pas au visionnaire que j'écris. Enfin si, peut-être, dans une certaine mesure. Maintenant, en tant qu'adulte, je lis peut-être tes histoires d'une façon différente.
En fait, je t'écris car dès le début, j'ai marché dans tes combines. J'ai lu Le tour du monde en 80 jours et ma vie a été changée. Je devais avoir 8 ou 9 ans. Ce livre a été le premier que je ramenais à l'école, tellement j'aimais. Depuis, je sais que j'aime non seulement tes romans, mais aussi tous les romans, du moins tous ceux dans lesquels il se passe quelque chose. De temps en temps, tu y insinuais un message. A dix ans, on lit le roman,et à vingt, on le relit pour le message. On peut être populaire etprofond. Si j'aime la littérature du XIX° siècle, le tien, c'est grâce à toi et aux autres auteurs classiques. Puis j'ai embrayé vers la science -fiction, voire la fantasy. Parce que je savais qu'il s'y passerait quelque chose. En plus, toi tu n'en rajoutais pas avec les histoires de bonnes femmes. C'est ton fils qui t'a trahi. Alors je suis contente quand je lis TES véritables manuscrits. Peut-être même me conduirais-tu à la bibliophilie. Hetzel ne se fichait pas du monde. Et toi non plus !
Hetzel t'a encouragé, de même qu'il faut m'encourager moi aussi. Je me pique d'écrire. Des trucs pas sérieux. Des trucs où il se passe quelque chose. Le succès ne vient pas toujours d'où on pense. Il faut croire en ses bêtises, toujours sur le métier remettre son travail. Tes oeuvres touchent les enfants, mais aussi l'enfant qui se trouve toujours en moi. Qui n'aime pas les aventures ? La littérature française de maintenant ne me passionne pas. La littérature du XXI° siècle en France, c'est le vide. Heureusement,il y a d'excellents auteurs étrangers. Depuis Le tour du monde en 80 ans, je n'ai pas changé : il faut qu'il se passe quelque chose.
Merci, Jules, de m'avoir ouvert tant d'horizons, en littérature comme en cinéma d'ailleurs.
Claire